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ANALYSE RAISONNÉE


choses. « Il y avoit, dit-il, des privilèges dont les gens mariés jouissoient toujours, comme, par exemple, une place particulière au théâtre ; il y en avoit dont ils ne jouissoient que lorsque des gens qui avoient des enfants, ou qui en avoient plus qu’eux, ne les leur ôtoient pas. »

Les gens mariés qui avoient le plus grand nombre d'enfants étoient préférés, soit dans la poursuite des honneurs, soit dans leur exercice.

Le consul qui avoit le plus d'enfants prenoit le premier les faisceaux ; il avoit le choix des provinces.

Le sénateur qui avoit le plus d'enfants étoit écrit le premier dans le catalogue des sénateurs ; il disoit son avis le premier.

L’on pouvoit parvenir avant l'àge aux magistratures, chaque enfant donnant la dispense d’un an.

Le nombre de trois enfants exemptoit de toutes charges personnelles.

Les femmes ingénues, qui avoient trois enfants, et les affranchies qui en avoient quatre, sortoient de la tutelle perpétuelle établie par les lois.

Outre les récompenses, il y avoit des peines. Les voici :

Ceux qui n’étoient point mariés ne pouvoient rien recevoir par le testament des étrangers.

Ceux qui étoient mariés, mais n'avoient point d’enfants, ne recevoient que la moitié.

Le mari et la femme, par une exemption de la loi qui iimitoit leurs dispositions réciproques par testament, pouvoient se donner le tout, s*ils avoient des enfants l’un de l’autre ; s’ils n’en avoient point, ils pouvoient recevoir la dixième partie de la succession à cause du mariage ; et s'ils avoient des enfants d’un autre mariage, ils pouvoient se donner autant de dixièmes qu’ils avoient d’enfants.

Si un mari s’absentoit d’auprès de sa femme pour autre cause que pour les affaires de la république, il ne pouvoit en être l’héritier.