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ANALYSE RAISONNÉE

Là-dessus il nous fait sentir une vérité importante : savoir, que les mauvais législateurs sont ceux qui ont favorisé les vices du climat, et les bons ceux qui s’y sont opposés [1].

Il dit aussi que plus le climat porte les hommes à fuir la culture des terres, plus la religion et les lois doivent y exciter [2]. Il fait là-dessus l'éloge des institutions chinoises, qui ont une attention particulière à exciter les peuples au labourage [3] ; et il remarque que pour cet effet, dans le midi de l’Europe, il seroit bon de donner des prix aux laboureurs qui auroient le mieux cultivé leurs terres [4].

Il veut que là où le vin est contraire au climat, et par conséquent à la santé, l'excès en soit plus sévèrement puni [5].

Lorsqu’il parle de l'esclavage relatif au climat, il dit qu’il n'y a point de climat sur la terre où l’on ne pût engager au travail des hommes libres, et il se plaint de ce que, les lois étant mauvaises, on a trouvé des hommes paresseux, et de ce que, les hommes étant paresseux, on les a mis dans l’esclavage [6]. Il faut, selon lui, que les lois civiles cherchent à ôter d’un côté les abus de l’esclavage, et de l’autre les dangers [7].

Il déplore le malheur des pays mahométans, où la plus grande partie de la nation n’est faite que pour servir à la volupté de l’autre ; l’esclavage, selon lui, ne devant être que pour l’utilité, et non pour la volupté. « Car, dit-il, les lois de la pudicité étant du droit naturel, elles doivent être senties par toutes les nations du monde [8]. »

Lorsqu’il parle de la polygamie qu’on trouve dans certains climats, il proteste qu’il ne fait qu’en rendre les raisons, et

  1. Liv. XIV, ch. V.
  2. Ibid., ch. VI.
  3. Ibid., ch. VIII.
  4. Ibid., ch. IX.
  5. Ibid., ch. X.
  6. Liv. XV, ch. VIII.
  7. Ibid., ch. XI.
  8. Ibid., ch. XII.