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LETTRES


PERSANES


1721




INTRODUCTION.


Je ne fais point ici d’épître dédicatoire, et je ne demande point de protection pour ce livre : on le lira, s’il est bon ; et, s’il est mauvais, je ne me soucie pas qu’on le lise.

J’ai détaché ces premières lettres, pour essayer le goût du public : j’en ai un grand nombre d’autres dans mon portefeuille, que je pourrai lui donner dans la suite.[1]

Mais c’est à condition que je ne serai pas connu ; car, si l’on vient à savoir mon nom, dès ce moment je me tais. Je connais une femme qui marche assez bien, mais qui boite dès qu’on la regarde.[2] C’est assez des défauts de l’ouvrage, sans que je présente encore à la critique ceux de ma personne. Si l’on savait qui je suis, on dirait : Son livre jure avec son caractère ; il devrait employer son temps à quelque chose de mieux : cela n’est pas digne d’un

  1. Quelques-unes de ces lettres ont paru dans l’édition de 1754. Elles sont désignées dans notre édition par un astérisque.
  2. C’était, dit-on, Mme de Montesquieu.