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LETTRES PERSANES.


que j’ai profané la vertu, en souffrant qu’on appelât de ce nom, ma soumission à tes fantaisies.

Tu étais étonné de ne point trouver en moi les transports de l’amour : si tu m’avais bien connue, tu y aurais trouvé toute la violence de la haine.

Mais tu as eu longtemps l’avantage de croire qu’un cœur comme le mien t’était soumis : nous étions tous deux heureux : tu me croyais trompée, et je te trompais.

Ce langage, sans doute, te paraît nouveau. Serait-il possible qu’après t’avoir accablé de douleurs, je te forçasse encore d’admirer mon courage ? Mais, c’en est fait, le poison me consume, ma force m’abandonne, la plume me tombe des mains ; je sens affaiblir jusqu’à ma haine : je me meurs !

Du sérail d’Ispahan, le 8 de la lune de rébiab 1, 1720.



FIN DES LETTRES PERSANES.