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LETTRES PERSANES.


sentiments de mon cœur. Quand il me prononce le nom de celui que j’aime, je ne sais plus me plaindre ; je ne puis plus que mourir.

J’ai soutenu ton absence, et j’ai conservé mon amour par la force de mon amour. Les nuits, les jours, les moments, tout a été pour toi. J’étais superbe de mon amour même, et le tien me faisait respecter ici. Mais à présent... Non, je ne puis plus soutenir l’humiliation où je suis descendue. Si je suis innocente, reviens pour m’aimer : reviens, si je suis coupable, pour que j’expire à tes pieds.

Du sérail d’Ispahan, le 2 de la lune de maharram, 1720.