Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t1.djvu/360

Cette page n’a pas encore été corrigée
338
LETTRES PERSANES.


vivrait de sa terre, et n’en retirerait que ce qu’il lui faut précisément pour ne pas mourir de faim. Mais, comme ce n’est pas quelquefois la vingtième partie des revenus d’un État, il faudrait que le nombre des habitants diminuât à proportion, et qu’il n’en restât que la vingtième partie. [1]

Fais bien attention jusqu’où vont les revenus de l’industrie. Un fonds ne produit, annuellement, à son maître, que la vingtième partie de sa valeur ; mais, avec une pistole de couleur, un peintre fera un tableau qui lui en vaudra cinquante. On en peut dire de même des orfèvres, des ouvriers en laine, en soie, et de toutes sortes d’artisans.

De tout ceci, on doit conclure, [2] Rhédi, que, pour qu’un prince soit puissant, il faut que ses sujets vivent dans les délices ; il faut qu’il travaille à leur procurer toutes sortes de superfluités, avec autant d’attention que les nécessités de la vie.


De Paris, le 14 de la lune de chalval, 1717.
  1. A. C. Que la centième partie.
  2. A. C. Il faut conclure.