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LETTRES PERSANES.


guerre parce qu’on lui aura refusé un honneur qui lui est dû, ou parce qu’on aura eu quelque procédé peu convenable à l’égard de ses ambassadeurs, et autres choses pareilles ; non plus qu’un particulier ne peut tuer celui qui lui refuse la préséance. [1] La raison en est que, comme la déclaration de guerre doit être un acte de justice, dans laquelle il faut toujours que la peine soit proportionnée à la faute, il faut voir si celui à qui on déclare la guerre mérite la mort. Car, faire la guerre à quelqu’un, c’est vouloir le punir de mort.

Dans le droit public, l’acte de justice le plus sévère, c’est la guerre, puisqu’elle peut avoir l’effet de détruire la société. [2]

Les représailles sont du second degré. C’est une loi que les tribunaux n’ont pu s’empêcher d’observer, de mesurer la peine par le crime.

Un troisième acte de justice, est de priver un prince des avantages qu’il peut tirer de nous, proportionnant toujours la peine à l’offense.

Le quatrième acte de justice, qui doit être le plus fréquent, est la renonciation à l’alliance du peuple dont on a à se plaindre. Cette peine répond à celle du bannissement, que les tribunaux ont établie pour retrancher les coupables de la société. [3] Ainsi, un prince à l’alliance duquel nous renonçons, est retranché de notre société, et n’est plus un des membres qui la composent. [4]

  1. A. C. Qui lui refuse le pas.
  2. A. C. Éd. de 1754. C’est la guerre, puisque son but est la destruction de la société.
  3. A. C. Éd. de 1754. Du bannissement, établie dans les tribunaux, qui retranche les coupables de la société.
  4. A. C. Est retranché par là de notre société, et n’est plus un de nos membres.