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ÉLOGE
DE
M. DE MONTESQUIEU


PAR


M. DE MAUPERTUIS[1]
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Ce n’est point l’usage de faire dans cette académie l’éloge des académiciens étrangers que nous perdons : ce seroit en quelque sorte usurper sur les droits des nations auxquelles ils ont appartenu. Mais il est des hommes si fort au-dessus des hommes de chaque nation, qu’aucune n’a plus de droit que les autres de se les approprier, et qu’ils semblent n’avoir été donnés qu’à l’univers.

Nous réclamerons donc ici un bien commun, dont une partie nous appartient : si quelque chose pouvoit nous empêcher d’entreprendre l’éloge de M. de Montesquieu, ce ne seroit que la grandeur du sujet et le sentiment de notre insuffisance. Toutes les académies qui ont eu l’honneur de le posséder ne manqueront pas de rendre le même hommage à sa mémoire, et s’en acquitteront mieux que nous ; mais nous avons cru qu’on ne sauroit trop parler, ni parler dans trop de lieux, d’un homme qui a tant fait d’honneur à la science et à l’humanité ;

  1. Cet éloge a été lu dans l’Assemblée publique de l’Académie royale des sciences de Berlin, le 5 juin 1755.