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Marseillaise, et, après La Marseillaise, le Ça ira.

Les parents pleuraient. Je me souviens d’un vieil ouvrier qui, penché à sa fenêtre du quai Saint-Clair, les yeux mouillés de larmes, la voix étranglée, s’écriait : « Je vous bénis ! Sauvez la France ! Je vous bénis ! » Ailleurs, une mère se précipitait sur le passage de son fils, et comme si elle n’eût dû le revoir : « Va, mon fils, va ! » disait-elle au milieu des sanglots. On eût dit des Romains. C’était poignant, c’était sublime. Les mobiles marchaient, fermes. Je n’ai jamais vu d’autres hommes que les Français pour partir si bravement en guerre. Au camp de Sathonay, les mobiles, lorsqu’on leur eut désigné leur baraquement, furent libres d’agir à leur volonté jusqu’au soir ; des dîners s’improvisèrent de tous les côtés, le champagne coula à flots, et seulement à la nuit, les parents et les amis revinrent tristement à Lyon.