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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

Mais cet art ne convenait guère à sa fougue juvénile si sa raison lui disait que les maîtres qu’il vénérait le plus, comme Gérard Dow, avaient dû procéder de cette façon, et peut-être avec plus d’application encore.

Pascaroffes, autre peintre de natures mortes, se donnait, peut-être seul, la peine d’achever ses tableaux comme certains maîtres l’avaient fait. Singulière histoire aussi que celle de Pascaroffes ! C’était le fils d’un matelot du petit port de Grandcamp près d’Isigny. Il avait commencé par gribouiller des peintures informes sur des galets et sur des coquillages que quelques Anglais perdus dans ces parages ou venant visiter le fort de Meusy, lui achetaient pour avoir l’occasion de lui donner quelques sous. Un Anglais, frappé de la manière dont il saisissait la forme des objets, l’avait emmené avec lui et avait payé ses études complètes. Devenu peintre, il vendait ses tableaux mille fois leur pesant d’or, ayant relativement peu d’amateurs en France, mais possédant en Angleterre et en Amérique de véritables fanatiques.

— Je m’impatienterais à peindre si lentement des tableaux qu’on peut regarder à la loupe, disait Pépé, quoique les maîtres hollandais aient souvent atteint à ce fini.

Et il revenait à Rembrandt.

Il voulait installer un atelier, avoir un chez-lui, pouvoir dire à ses amis de venir le voir et travailler mieux, plus à l’aise, que dans la grande chambre à deux fenêtres de la rue Jacob dans laquelle il s’était installé.

— Il y a longtemps que je n’ai vu mon atelier de Montmartre, pensa-t-il, celui que m’avait fait bâtir cette bonne