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DÉMÊLÉS DU COMTE DE MONTAIGU

… qui lui vola de vingt à trente mille livres.

Dix-huit mois de suite, le secrétaire trompa indignement le comte de Montaigu. Il gaspilla les finances de l’ambassadeur et lui fit naturellement un tort considérable auprès du ministre.

… Il le chassa, le fit mettre en prison, chassa ses gentilshommes avec esclandre et scandale, se fit partout des querelles, reçut des affronts qu’un valet n’endurerait pas…

En janvier 1746, l’ambassadeur ordonna à Henry de préparer la justification de ses opérations finan-


    Henry. En octobre 1745, il avait procuré au comte de Montaigu une gondole du prix de 3,900 livres. Plusieurs marchands assurèrent qu’ils auraient livré la même gondole pour 800 livres de moins. Il acheta du vin à Miran sur le pied de 24 livres « le mastello » : le chancelier de Miran attesta que ce vin ne valait que 18 livres. L’ambassadeur avait désiré du marasquin de Zara ; Cornet le compta à 33 livres la bosse. L’homme qui le lui avait vendu certifia par un acte notarié que son tarif ordinaire n’était que de 27 livres la bosse. Sur les fournitures de farine, de café, Cornet pratiquait un courtage analogue. Le café venait du Caire et était négociable en piastres. Cornet évalua cette monnaie à raison de 6 livres de Venise, ce qui constituait une majoration de 22 pour 100 sur le change ; des commerçants du Caire affirmèrent le vol. Enfin, dans le mémoire de Henry était inscrit une somme de 32,800 livres ; cet argent, prétendit Cornet, aurait été avancé à Henry pour l’usage de l’ambassadeur. Celui-ci, qui n’avait jamais donné au secrétaire le moindre pouvoir écrit ou verbal pour quoi que ce fût, refusa d’admettre ce prêt imaginaire, et comme il ne se souciait pas de sacrifier les 32,000 livres, il les revendiqua par les moyens légaux.