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VOYAGES

au cueur. Les compaignies y ſont reçues en toute liberté, chez les religieuſes particulières qu’on y va rechercher, ſoit pour les pourſuivre à eſpoufer, ou à autre occaſion. Celles qui s’en vont pouvent reſigner & vendre leur bénéfice à qui elles veullent, pourveu qu’elle ſoit de condition requiſe. Car il y a des ſeigneurs du païs qui ont cette charge formée, & ſi obligent par ſerment de teſmoingner de la race des filles qu’on y préſente. Il n’eſt pas inconvénient qu’une ſeule religieuſe ait trois ou quatre bénéfices. Elles font au demeurant le ſervice divin comme ailleurs. La plus grand part y finiſſent leurs jours & ne veullent changer de condition. Delà nous vinſmes ſoupper à,

Eſpiné, cinq lieues. C’eſt une belle petite ville ſur la riviere de Moſelle où l’entrée nous fut refuſée d’autant que nous avions paſſé à Neufchaſteau, où la peſte avoit été il n’y a pas