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LXXXII

LE TESTAMENT DE L’ASNE

[par rutebeuf]
Paris, Bibl. nat., Mss. fr. 1635, fol. 4 vo à 5 vo.[1]

1
Qui vuet au siecle à honeur vivre
Et la vie de seux[2] ensuyvre
Qui béent à avoir chevance,
Mout trueve au siecle de nuisance
5Qu’il at mesdizans davantage,
Qui de ligier li font damage,
Et si est touz plains d’envieux.
Ja n’iert tant biaux ne gracieux,
Se dix en sunt chiez lui assis,
10Des mesdizans i aura sis
Et d’envieux i aura nuef ;
Par derrier nel[3] prisent .I. oef
Et par devant li font teil feste
Chacuns l’encline de la teste.
15Coument n’auront de lui envie
Cil qui n’amandent de sa vie,
Quant cil l’ont qui sont de sa table
Qui ne li sont ferm ne estable[4] ?

  1. LXXXII. — Le Testament de l’Asne, p. 215.

    Publié par Barbazan, I, 113 ; par Méon, III, 70-75 ; par Ach. Jubinal, Œuvres complètes de Rutebeuf, 2e  éd., II, 78-85, et traduit par Legrand d’Aussy, III, 105-107.


  2. Vers 2 — Il est à remarquer que dans ce fabliau, ainsi que dans le suivant, provenant du même ms., la notation de c pour s est assez fréquente.
  3. 12 — * nel ; ms., ne. — * oef ; ms., oes.
  4. 18 — * estable ; ms., metable.