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LXXVI

DES PUTAINS ET DES LECHEORS

Bibl. de Berne, Mss. 354, fol. 42 ro à 43 ro.[1]

1
Quant Dieus ot estoré lo monde
Si con il est à la reonde,
Et quanque il convit[2] dedanz,
Trois ordres establi de genz,
5Et fist el siecle demoranz,
Chevaliers, clers et laboranz.[3]
Les chevaliers toz asena
As terres, et as clers dona
Les aumosnes et les dimages ;
10Puis asena les laborages
As laboranz, por laborer.
Quant ce ot fet, sanz demorer
D’iluec parti et[4] s’en ala.
Quant il s’en partoit, veü a
15Une torbe de tricheors,
Si con putains et lecheors ;
Poi ot alé, quant l’aprochierent,
A crier entr’aus commencierent :
« Estez, sire, parlez à nos,
20Ne nos lessiez, o alez vos ?
De rien ne[5] somes asené,
Si avez as autres doné. »
Nostre sire ses esgarda ;
Quant les oï, si demanda

  1. LXXVI. — Des Putains et des Lecheors, p. 175.

    Notre texte est établi d’après la copie de la Bibliothèque nationale (coll. Moreau, 1720, Mouchet 46), que nous désignons par M.


    Publié par Th. Wright, Anecdota literaria, 64-65, et traduit par Legrand d’Aussy, II, 357, sous le titre « des Catins et des Ménétriers ».


  2. Vers 3 — * quanque il convit. M, quanqu’il convint.
  3. 6 — M, Clers et chevaliers laboranz.
  4. 13 — « et » manque à M.
  5. 21 — * De rien ne. M, Darrien que.