Tant ala cil qu’il[1] vint à porte,
Atout le pet qu’en sac aporte[2] ;
En Enfer jete sac et tout,
Et li pez en sailli à bout.
Estes vous chascun des maufez
Mautalentiz et eschaufez,
Et maudient l’ame au vilain[3] ;
Chapitre tindrent l’endemain,
Et s’accordent à cel[4] acort
Que jamais nus ame n’aport
Qui de vilain sera issue ;
Ne puet estre qu’ele ne pue.
Ainsin[5] s’acorderent jadis
Qu’en Enfer, ne en Paradis,
Ne puet vilains entrer[6] sans doute.
Oï avez la raison toute.
Rutebuez ne set entremetre
Où l’en[7] puisse ame à vilain metre,
Qu’ele a failli à ces .II. regnes ;
Or voist chanter avec les raines,
Que c’est li mieudres qu’il i voie,
Ou el tiegne droite la[8] voie,
Por sa pénitence alegier,
En la terre au pere Audigier[9] ;
C’est en la terre de Cocusse,
Où Audigiers chie en s’aumusse.
- ↑ 51 — qu’il. B, qui.
- ↑ 52 — A, enporte.
- ↑ 57 — A, C, à vilain.
- ↑ 59 — B, à tel.
- ↑ 63 — A, C, A ce.
- ↑ 65 — B, entrer vilains.
- ↑ 68 — l’en. C, hom.
- ↑ 72 — la. B, sa.
- ↑ 74 — Le conte d’Audigier (Méon, IV, 217-233), parodie des chansons de gestes, était célèbre au moyen âge. Nous le voyons cité dans l’Aiol (vers 953 et 992, éd. J. Normand et G. Raynaud) et dans le Jeu de Marion et Robin (Adam de la Halle, éd. Coussemaker, 409-410).
Nous retrouvons à peu près l’idée de ce fabliau dans le 16e conte, p. 25, des Contes secrets russes (voy. p. 334-335)