XLIX
LA VEUVE
angnour, je vous velh chastoyer.
Ne devons[2] aler ostoyer
En un ost d’ont nus[3] ne retorne ?
Saveis cornent on les atorne,
Chiaus ki sont en cel ost[4] semons ?
On les lieve sor .II. limons ;
Si les porte[5] on de grant ravine
Vers le mostier, pance sovine[6],
Et sa feme[7] le siet après.
Chil qui à li montent[8] plus près
Le tiennent, par bras et par mains,
Des pames batre, c’est do mains,
Car ele crie à haute vois :
« C’est merveilhe comment je vois,
Dulce dame[9], sainte Marie,
Con sui dolante et esmarie.
Ja Diés ne doinst con je tant voie[10]
Ke je repas par[11] ceste voie ;
Si soie avec mon sangnour mise,
Cui je avoi[12] ma foi promise.
- ↑ XLIX. — La Veuve, p. 197.
A. — Turin, L. V., 32 ; fol. 167 ro à 170 vo.
B. — Paris, Bibl. nat., Mss. fr. 2168, fol. 91 vo à 94 vo.
Publié, d’après le ms. A, par M. Aug. Scheler, une première fois dans les Annales de l’Académie d’archéologie de Belgique, XXII, 477-502 ; et une seconde fois dans les Trouvères belges du XIIe au XIVe siècle, 1876, p. 225-241, avec le secours d’une copie de Mouchet de la Bibliothèque nationale (coll. Moreau, 1727, Mouchet, 52). Les variantes du ms. B. viennent donc s’ajouter au texte de M. Scheler et au nôtre. — Ce fabliau a été donné en extrait très-court par Legrand d’Aussy, III, 322-327.
- ↑ Vers 2 — Ne devons. B, Tout devés.
- ↑ 3 — En un est d’ont nus. B, En l’ost dont neus hom.
- ↑ 5 — sont en cel ost. B, en cele ost sont.
- ↑ 7 — * porte. A, port. — B, Si les portent l’ierbe soavine.
- ↑ 8 — pance sovine. B, de grant ravine.
- ↑ 9 — fame. B, molliers.
- ↑ 10 — * montent. A, monte.
- ↑ 15 — Dulce dame. B, Bele dame.
- ↑ 17 — B, Ne place Diu que je tant voie.
- ↑ 18 — Ke je repas par. B, Ke je repair de.
- ↑ 20 — Cui je avoi. B, Cui j’avoie, leçon qu’il faut adopter.