– Certes, je le nie de toutes mes forces.
– Vous prétendez que vous n’éprouviez à son égard aucune haine ?
– De la haine ! Pourquoi l’aurais-je haï ?
– Il vous avait chassée.
– Non, monsieur. Il m’avait tout simplement avertie que je ne pouvais conserver mon emploi de gardienne de l’usine.
– Vous en vouliez à M. Labroue à cause de la mort de votre mari ?
– Comment aurais-je pu en vouloir au patron d’un malheur dont il n’était point responsable ? M. Labroue, du reste, avait fait ce qui dépendait de lui pour me venir en aide après mon malheur.
– Vous niez avoir incendié l’usine ?
– Je nie l’incendie, comme je nie l’assassinat !
– Vous avez à deux reprises acheté du pétrole. Vous en avez placé une partie dans des bouteilles.
– C’est vrai.
– Ces bouteilles, vous aviez répandu leur contenu sur les copeaux des ateliers.
– C’est faux ! Je nie de toutes mes forces ! »
Le juge d’instruction attacha pour la seconde fois sur Jeanne un regard pénétrant. Elle ne baissa pas les yeux. Il reprit :
« Vous avez forcé la caisse de M. Labroue pour en voler le contenu. L’ingénieur vous a surprise et vous l’avez tué.
– M. Labroue a été tué par la main qui a versé le pétrole et forcé la caisse, mais cette main n’est pas la mienne.
– N’avez-vous point dit à M. Labroue que le fait de vous avoir retiré votre emploi ne lui porterait pas bonheur ?
– Je l’ai dit.
– Vous trouviez-vous dans le cabinet de M. Labroue quand le caissier est venu lui remettre de l’argent et établir l’état des sommes qui devaient exister en caisse ?
– Je m’y trouvais.
– Alors, vous avez tout entendu ?