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ne constituait point une disgrâce pour Jeanne Fortier. Le jour même de sa mort, il m’avait prié de la reprendre chez moi.

– Jeanne Fortier connaissait-elle la démarche de M. Labroue ?

– Je ne le crois pas.

– Alors, l’ignorant, elle poursuivait son œil de vengeance.

– Est-ce certain ?

– Je vous répète, madame, que le doute est impossible. Sa disparition seule serait une preuve suffisante de culpabilité.

– Il est vrai, dit Mme Bertin. Mais cette fuite se peut attribuer à l’épouvante aussi bien qu’au crime.

– D’ailleurs ses achats de pétrole démontrent non seulement le crime, mais la préméditation.

– Quels mobiles auraient fait agir la malheureuse ?

– La vengeance, d’abord, et ensuite la cupidité.

– A-t-elle volé ?

– M. Labroue a été tué dans le couloir conduisant à son cabinet. Pourquoi la meurtrière se trouvait-elle en cet endroit, sinon pour y voler la somme considérable dont elle connaissait la présence dans la caisse ?

– Bref, vos soupçons ne se portent que sur Jeanne Fortier ?

– Auriez-vous, madame, des doutes à l’endroit de quelqu’un ?

– Je dois vous dire tout ce que je sais, et tout ce que je pense. J’ai eu avec mon frère un long entretien le jour où il est venu voir son fils malade à Saint-Gervais. Il venait d’inventer une mécanique à guillocher les surfaces courbes, qui devait lui constituer en peu de temps, croyait-il, une grosse fortune ; tous ses plans étaient achevés.

– M. Labroue s’était-il confié à quelqu’un ?

– Oui, à un homme qui pourrait avoir eu l’idée de s’emparer de l’invention de mon frère. Cela admis, le vol, l’incendie, l’assassinat, tout s’expliquerait ; car je ne puis croire qu’une femme, quelles que soient d’ailleurs