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cunière ; elle affectait des manières qui ne sont point celles d’une femme d’ouvrier…

– A-t-elle des enfants ?

– Un petit garçon avec elle, et une fille en nourrice.

– Son mari a été tué dans cette usine, n’est-ce pas ?

– Oui, monsieur, mais par sa propre faute, par son imprudence. C’est cependant pour cela que M. Labroue avait donné à Jeanne l’emploi de gardienne. Tout en la renvoyant il se proposait bien de ne pas la laisser sans ressources. Cette misérable lui a témoigné la reconnaissance en l’assassinant ! »

Le juge d’instruction se tourna vers le procureur et vers le chef de la sûreté, présents à l’interrogatoire, et leur dit :

« Vous voyez, messieurs, que le doute est impossible. La vengeance n’était pas l’unique mobile des crimes commis, assassinat et incendie. Jeanne Fortier se proposait, en outre, le vol. Après avoir tout préparé pour activer les ravages de l’incendie allumé par sa main, elle est allée dans le pavillon forcer la caisse et s’emparer des valeurs, puis elle a mis le feu. C’est en sortant du cabinet qu’elle l’a frappé. »

Le procureur demanda :

« Le coffre-fort était-il de nature à ce que, pour le forcer, il fallût déployer une grande vigueur ? Une femme pouvait-elle en venir à bout ? Dans le cas contraire, nous serions conduits à admettre que Jeanne avait un complice. »

Ricoux reprit :

« Le coffre-fort n’offrait pas une grande résistance. C’était une caisse d’un vieux modèle. Une femme solide, bâtie comme Jeanne Fortier, pouvait parfaitement sans aide opérer l’effraction.

– En tout cas, si on n’a pas volé, on trouvera des petits lingots de métal fondu, puisqu’il y avait de l’or. »

Le procureur demanda au docteur qui l’avait accompagné :

« Avez-vous pu constater, monsieur, en examinant la