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sans prononcer un mot. Mme Fortier rompit le silence.

« Ce sont les feuilles de présence que vous m’apportez ? fit-elle d’une voix tremblante.

– Oui, murmura Jacques, ce sont les feuilles… avec ceci… »

Et il montrait la lettre écrite par lui, et jointe aux papiers.

« Ceci ?… répéta Jeanne.

– Oui… une lettre…

– Pourquoi m’écrire quand vous pouvez me parler ?…

– Il y a des choses difficiles à dire, faciles à écrire… Prenez cette lettre, et quand je serai parti, lisez-la… et réfléchissez. Votre bonheur, celui de vos enfants, le mien, sont entre vos mains. »

Et il sortit rapidement. Jeanne le regarda partir.

« Il devient fou… » balbutia-t-elle.

Puis elle rentra chez elle.

Avec avidité, elle ouvrit la lettre et lut ce qui suit :


« Chère Jeanne bien-aimée,

« Hier je vous laissais entrevoir dans un prochain avenir la fortune et le bonheur. Je puis maintenant vous les promettre d’une façon immédiate.

« Demain je serai riche, ou du moins les moyens de commencer une grande fortune seront dans mes mains. Je posséderai une invention qui donnera des bénéfices incalculables et j’aurai près de deux cent mille francs pour l’exploiter.

« Point de fausse honte, Jeanne. Songez à vos enfants.

« Je vous attendrai ce soir, à onze heures, avec le petit Georges au pont de Charenton, et je vous conduirai dans une retraite sûre d’où nous partirons demain pour l’étranger, où nous serons heureux et riches.

« Si vous ne veniez pas, Jeanne, je ne sais à quelle extrémité le désespoir me pousserait…

« JACQUES GARAUD. « 7 septembre 1861. »


« Qu’est-ce que cela signifie ? murmura Jeanne stup-