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lui qui a assassiné Jules Labroue, puisqu’une femme a été convaincue de ce crime et condamnée.

– Cette femme affirmait avoir eu une preuve de la culpabilité du contremaître. Une lettre écrite par lui.

– Si cette lettre avait existé, elle l’aurait produite.

– La lettre existe. Elle est retrouvée… »

Malgré son empire sur lui-même, Jacques Garaud ne put réprimer un tressaillement.

« Il paraît que cela vous intéresse… fit Étienne.

– Fort peu, je vous assure, mais cela m’intrigue. Une lettre retrouvée après vingt et un ans, convenez que c’est curieux ! Où était-elle cette lettre ? Dans un vieux meuble ? Dans…

– Dans un petit cheval de carton… »

Paul Harmant devint pâle et se mordit les lèvres.

« Ce cheval de carton était un jouet donné au petit Georges, le fils de Jeanne Fortier, par Garaud lui-même. Voici cette lettre… Voulez-vous que je vous la lise ?… »

Jacques Garaud se leva brusquement.

« Mais que m’importe tout cela, monsieur Castel ?

– Vous allez le savoir, répondit le peintre en plaçant sur le bureau une feuille de papier timbré dont il s’était muni…

– Qu’est-ce que cela ?

– Vous le voyez ; c’est du papier timbré. Nous avons à débattre avant tout une question pécuniaire. Cent quatre-vingt-dix mille francs placés dans une maison pendant vingt et un ans, sans qu’on ait touché pendant ce temps à l’intérêt légal et aux intérêts des intérêts, combien cela fait-il ?

– Cela triple le capital, et au-delà… dit Raoul Duchemin.

– Mettons un compte rond. Monsieur, je viens vous prier de me remettre pour le compte de M. Lucien Labroue la somme de 500 000 francs, représentant le capital, les intérêts, et les intérêts des intérêts de la somme volée par vous à son père en 1861.

– Je me nomme Paul Harmant, monsieur, s’écria le misérable, fou de terreur, et vous m’insultez ?

– Vous vous nommez Jacques Garaud et vous êtes