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En disant ce qui précède, le millionnaire jetait à la dérobée un coup d’œil vers le cabinet dans lequel il avait poussé Jeanne.

« N’avez-vous pas, dit Étienne, été, pendant deux années, élève de l’École des Arts-et-Métiers de Châlons ?

– Oui, sans doute.

– Vous y avez fait de brillantes études… Puis en sortant de l’école vous avez voyagé beaucoup… N’êtes-vous pas allé en Suisse ? où vous êtes resté longtemps ?

– Quinze ou seize mois, je crois.

– Peut-être trouverez-vous le moyen de me renseigner sur une personne morte aujourd’hui. En Suisse, n’avez-vous pas connu un mécanicien du nom de Jacques Garaud ? »

Tout en prononçant les mots qui précèdent, Étienne Castel rivait ses yeux sur les yeux du millionnaire. Il ne les vit point s’abaisser. Pas un muscle du visage qu’il étudiait ne tressaillit.

« Jacques Garaud… répéta le père de Mary. Ce nom ne m’est point inconnu. Ah ! oui… je me rappelle. Ce Jacques Garaud n’était-il point un contremaître attaché à l’usine Jules Labroue à Alfortville, et qui périt victime de son dévouement lorsque ce dernier fut assassiné dans son usine en feu ? Vous-même m’avez raconté cette histoire…

– En effet, c’est bien cela. Avez-vous connu cet homme ?

– Du tout. »

Paul Harmant se trouvait sur des charbons ardents.

« À New York, où vous êtes allé en quittant la France, n’avez-vous point entendu parler de cet homme ?

– Comment en aurais-je entendu parler ? Il était mort.

– C’est que nombre de gens prétendent que Jacques Garaud s’est arrangé de façon qu’on le crût mort dans l’incendie, dans le dessein d’éloigner de lui tout soupçon et de jouir des cent quatre-vingt-dix mille francs et de l’invention volée par lui à Jules Labroue qu’il venait de tuer.

– Cette légende ne tient pas debout ! Ce n’est pas