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avocat, et vous avez du cœur, vos yeux sont remplis de larmes. Monsieur, faites un miracle. Rendez-moi ma mère… »

En ce moment, la porte du cabinet s’ouvrit. Étienne Castel, Lucien Labroue et Raoul Duchemin parurent.

« Mon tuteur ! s’écria Georges, étonné.

– Lucien ! » balbutia la jeune fille en reculant avec effroi.

Le fils de Jules Labroue courut à elle, la prit dans ses bras et la pressa contre sa poitrine en murmurant :

« Espérez, Lucie ! Espérez !

– Elle m’annonçait la disparition de Lise Perrin… fit Georges…

– Nous la retrouverons, soyez tranquille… » dit Étienne Castel.

Lucie se dirigeait vers la porte.

« Restez, mademoiselle, je vous en prie ! continua Étienne. Vous devez être témoin de ce qui va se passer ici…

– Ce qui va se passer ici ? répéta le jeune avocat.

– Mon enfant, dit Étienne Castel d’une voix émue, c’est aujourd’hui que s’accomplit ta vingt-cinquième année. C’est aujourd’hui que je dois remplir le dernier vœu de l’homme excellent qui me confia ta tutelle. »

Étienne prit dans sa poche une lettre scellée d’un large cachet noir et la tendit à Georges en ajoutant :

« Cher enfant, lis cette lettre. Lis tout haut… »

Le jeune homme déchira l’enveloppe et lut :

« Mon bien-aimé Georges,

« Au mois de septembre 1861, une pauvre femme, tenant par la main un petit enfant, se présentait chez moi, à la cure de Chevry. Cette pauvre femme était poursuivie, traquée, en butte à la triple accusation d’assassinat, de vol et d’incendie. Elle se nommait Jeanne Fortier…

« Jeanne Fortier m’a juré sur la tête de son petit enfant qu’elle était innocente. La vérité se lisait dans son regard, vibrait dans le son de sa voix, éclairait son visage.