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– On a voulu arrêter maman Lison, et alors les garçons boulangers qui lui donnaient un banquet ont cogné sur les agents, et maman Lison a pris la poudre d’escampette.

– Mon Dieu ! mon Dieu ! » bégaya Lucie avec désespoir.

Et elle courut à la boulangerie Lebret. La servante était seule.

« Avez-vous vu maman Lison ? lui demanda Lucie.

– Ah ! ne me parlez pas de ça. On a voulu l’arrêter. Elle était recherchée par la police.

– Recherchée par la police ! » répéta Lucie, affolée.

Lucie pouvait à peine se soutenir. Elle sortit après avoir remercié la fille de boutique.

« Rien… murmura-t-elle en s’éloignant, je n’ai rien appris ! Où demander maman Lison ?… où la retrouver ? »

Tout à coup Lucie s’arrêta. Elle venait de penser à l’ami de Lucien, à l’avocat Georges Darier. En moins de vingt minutes, elle arriva à la maison qu’habitait le jeune homme.

La vieille Madeleine vint lui ouvrir.

« Pourrais-je voir monsieur l’avocat Darier ?

– Monsieur est dans son cabinet. Je vais le prévenir. »

Quelques minutes après, la servante introduisit Lucie. Georges constata le bouleversement de sa visiteuse.

« Veuillez vous asseoir, mademoiselle, dit-il en avançant à la jeune fille un fauteuil sur lequel elle se laissa tomber.

– Ah ! monsieur… s’écria-t-elle en éclatant en sanglots, conseillez-moi… protégez-moi… sauvez-la !

– Quel chagrin vous frappe si violemment ?

– Monsieur, répliqua Lucie, j’avais auprès de moi une brave et digne femme que j’aimais comme si elle eût été ma mère… Elle a failli être tuée, il y a quelques jours… Hier, elle était allée au banquet offert par les gens de son état pour fêter sa préservation quasi miraculeuse. Elle n’est point revenue… Très inquiète, je me suis rendue ce matin à la maison où avait eu lieu le banquet. Cette maison était fermée par ordre, et le hasard m’apprit qu’on avait donné cet ordre parce que