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« Je vous ai vu entrer, dit-il, et je viens à vous. »

La voix du contremaître fit retourner Jeanne. Elle regarda Garaud, qui lui parut fort calme. De son côté, tout en parlant, Jacques l’examinait à la dérobée.

« Je veux vous avertir que la femme de Vincent est morte hier au soir. Il m’a fait prier par un mécanicien de lui envoyer l’argent qui lui est dû, en ajoutant qu’il ne reviendrait pas à l’atelier et qu’il allait retourner dans son pays.

– Voyez-vous ça. Il aura eu vent de son renvoi, et il prend un prétexte pour n’avoir pas l’air d’avoir été congédié.

– Voici son compte que j’ai fait.

– Cinquante-quatre heures à quatre-vingt-dix centimes ? fit le caissier. Total : quarante-huit francs soixante… Venez avec moi, je vais vous remettre cette somme. »

Tandis que s’échangeaient ces paroles, Jeanne achevait de transvaser son pétrole, ensuite elle plaça les bouteilles sur la tablette de la réserve, avec le bidon vide. Le contremaître suivit le caissier, toucha la somme due à Vincent, puis visita les ateliers, en finissant par celui des menuisiers.

Cet atelier, assez vaste, et voisin du pavillon de M. Labroue, était encombré de planches et de madriers, de bois débité et de copeaux. Le chef mécanicien vint au contremaître.

« Monsieur Garaud, lui dit-il, ça ne serait pas dommage de nous débarrasser de ces copeaux qui nous gênent.

– Demain, je les ferai enlever… » répondit Jacques.

Son inspection terminée, il gagna le cabinet qu’il occupait à côté de l’atelier d’ajustage et s’y enferma. Dans cet atelier, il y avait un établi garni d’un tour, d’un étau, d’outils de précision et d’une petite forge. Jacques passa un tablier de travail puis se mit à forger quelques pièces de serrurerie.

À l’heure du repas, il sortit comme tout le monde et fut de retour un des premiers. Il alla de nouveau s’enfermer dans son cabinet, où il reprit sa besogne. Le temps était lourd. La chaleur accablante de l’atmosphère