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dage de peintres, et dont, il y a quelques semaines, vous avez tenté de tuer la fille… »

Le Dijonnais devint livide. Cette fois, il se sentait perdu…

« Qui ose avancer cela ? bégaya-t-il.

– Ceux devant lesquels vous l’avez dit.

– Je vous répète que j’étais ivre.

– Ivre de cette liqueur, fit le chef de la Sûreté en montrant le flacon trouvé sur Ovide et dans lequel il restait encore une partie du liquide canadien, de cette liqueur versée par vous pour Jeanne Fortier et que vous avez bue. Une liqueur américaine dont le docteur Richard, un spécialiste que nous avons consulté, connaît aussi bien que vous les effets surprenants, et dont vous avez parlé à la servante Marianne. »

Ovide baissa la tête et garda le silence.

« Où demeurez-vous ? poursuivit le juge d’instruction.

– En garni.

– Vous voulez nous tromper encore… »

Un accès de colère irraisonnée s’empara du Dijonnais.

« Ah ! tenez, s’écria-t-il, toutes vos questions m’ennuient à la fin ! Je me suis fait pincer comme un simple idiot, c’est ma faute, et c’est d’autant plus bête que je ne travaillais pas pour mon compte. Tant pis pour les autres. Je demeure avenue de Clichy, numéro 172. Ne me demandez pas autre chose. Je ne répondrai plus.

– Je vous ai dit qu’en vous obstinant dans votre mutisme vous aggraviez votre position…

– Turlututu ! des bêtises ! Je ne coupe pas là-dedans !

– Le vrai Harmant est mort, n’est-ce pas, et celui qui porte aujourd’hui ce nom s’appelle Jacques Garaud ? »

Soliveau haussa les épaules.

« Celui qui vous avait commandé et payé pour le meurtre de Lucie Fortier, et celui de Jeanne Fortier, sa mère ? »

Ovide resta muet. Le juge d’instruction se leva.

« Qu’on emmène cet homme. Qu’on le mette au secret. »

Les gardes de Paris sortirent avec le prisonnier.

« Cet homme est un bandit ! s’écria le juge.