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XIII

Les deux agents avaient conduit Ovide Soliveau au dépôt de la préfecture et l’avaient fait admettre provisoirement à l’infirmerie, dans une salle où il se trouvait seul. Le sommeil succédant à la crise nerveuse durait toujours. Le gardien de l’infirmerie s’était installé auprès du lit d’Ovide. À neuf heures, Soliveau ouvrit les yeux, se dressa et jeta un regard autour de lui. Il vit à côté de son lit le gardien, qui l’examinait avec une attention pleine de curiosité.

« Ah ! ça, où suis-je donc ? demanda-t-il.

– À l’infirmerie du dépôt », répondit le gardien.

Soliveau, pris d’une soudaine épouvante, sauta en bas du lit sur lequel on l’avait étendu sans lui retirer ses vêtements.

« Au dépôt, répéta-t-il, pâle et tremblant. Depuis quand ?

– Depuis cinq heures du soir, à peu près. »

Ovide ne se souvenait absolument de rien. Il fouilla sa mémoire. Soudain il poussa une exclamation de rage. La lumière venait de jaillir dans son esprit.

« Je comprends tout ! murmura-t-il, Marianne s’est trompée… C’est à moi qu’elle a versé la diabolique liqueur ! »