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l’étrange attitude de Soliveau et de ses yeux démesurément ouverts.

« Voyons, fit la patronne en s’approchant du Dijonnais, remettez-vous, revenez à vous, monsieur Pierre Lebrun…

– Vous êtes folle, la grosse ! répliqua le pseudo-baron de Reiss. Je ne m’appelle pas Pierre Lebrun… Je m’appelle Ovide Soliveau… Je ne suis pas ouvrier boulanger, je suis bourgeois, je vis de mes rentes, grâce à mon cousin millionnaire… mon cousin Paul Harmant… »

En attendant ce nom, Jeanne tressaillit et devint pâle. Tout le monde s’était levé. On faisait cercle autour d’Ovide.

Il poursuivit :

« Paul Harmant… le grand constructeur de Courbevoie… Je vous ai dit que c’était mon cousin… Eh bien, pas du tout… Nous ne sommes pas parents. C’est tout bonnement un voleur, un incendiaire et un assassin… Nous avons fait connaissance il y a vingt et un ans, sur le paquebot le Lord-Maire… Il se sauvait de France parce qu’il venait de commettre toute une ribambelle de crimes ! Il avait pris un nom de fantaisie… celui de mon cousin Paul Harmant, décédé depuis peu… Je l’ai pincé au demi-cercle, et il me laisse puiser dans sa caisse… Oh ! il en a des millions, mon cousin Harmant, de son vrai nom Jacques Garaud !

– Jacques Garaud ! répéta la porteuse de pain, en s’élançant vers Ovide et en lui prenant le bras, vous avez dit que Paul Harmant se nommait Jacques Garaud ? »

Les yeux de Soliveau devenaient étincelants.

« Oui, je l’ai dit… répliqua-t-il, et je le répète… Jacques Garaud, le voleur, l’incendiaire et l’assassin, Jacques Garaud, qui a tué son patron Jules Labroue, à Alfortville, il y a vingt et un ans !… Je soupçonnais quelque chose et je lui ai versé, comme à toi, Lise Perrin, la liqueur canadienne qui force les gens à parler. Aussi, tu bavardes, ma vieille…

– Moi, fit Jeanne. Que veut-il dire ?

– Il veut dire, répliqua Marianne, qu’il avait préparé