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– Ah ! le brigand, qui voulait me faire complice d’une méchanceté contre maman Lison ! Si je pouvais lui rendre la monnaie de sa pièce en lui jouant un bon tour !

– Vous le pouvez, Marianne… en lui versant, à lui, ce qu’il vous a dit de verser à la porteuse de pain…

– Tiens ! Mais c’est une idée, et une fameuse !

– La dose que j’ai vu verser pouvait être dangereuse pour une femme, mais non pour un homme. Il boira et alors, Marianne, l’ivresse viendra ; avec l’ivresse le besoin de parler. Alors, il avouera tout haut, devant tous, ce qu’il voulait faire et quels motifs le poussaient à agir…

– Mais qu’est-ce donc que ce coquin-là ?… Je vais avertir la patronne, moi…

– Gardez-vous-en bien, car on le chasserait, et nous ne pourrions savoir alors de sa bouche quel était son véritable but.

– C’est vrai, il faut le laisser boire, et il boira…

– Vous n’oublierez rien de ce qu’il vous a recommandé de faire ? répéta Melle Amanda.

– Non, madame, vous verrez. Mais, au fait, le verrez-vous ?

– Oui. Je serai ici, dans ce cabinet. »

Amanda tira de son porte-monnaie deux billets de banque de cent francs chacun, et les tendit à la servante.

« Voilà ce que je vous ai promis », fit-elle.

Marianne repoussa la main de la jeune femme.

« Gardez-les, madame, je vous prie. Inutile d’être payée pour faire une bonne action et pour démasquer un coquin…

– C’est bien, cela, ma fille, c’est très bien. J’insiste cependant pour que vous preniez cet argent. Vous pourrez, si vous voulez, le donner à maman Lison. Je serai à midi ici. Arrangez-vous de façon que le Dijonnais ne puisse me voir. »

Amanda quitta l’établissement de la rue de Seine. À peine était-elle dehors que la patronne appela Marianne. La servante se hâta d’accourir et fut accueillie par ces mots :

« Ah ! ça, qu’est-ce que tu fichais dans le cabinet ?