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V

À l’heure où cet entretien avait lieu, l’entrée des ouvriers dans les ateliers de l’usine d’Alfortville s’était opérée comme de coutume. Jacques Garaud, arrivé l’un des premiers, avait passé devant la loge sans donner signe de vie, et sans que Jeanne, occupée à faire signer la feuille, ait pu s’apercevoir de son passage. Cependant elle le guettait de son mieux.

Depuis la veille, les paroles énigmatiques du contremaître et surtout, l’étrangeté de son allure et de sa physionomie causaient à Mme Fortier une très vive préoccupation. Elle souhaitait voir Jacques pour s’assurer qu’il était plus calme et elle semblait à tel point agitée et fiévreuse, que plusieurs personnes lui en firent l’observation. David, le garçon de bureau qui était entré pour prendre les clefs du cabinet de l’ingénieur et de celui du caissier Ricoux, s’en inquiéta même :

« Comme vous voilà pâlotte, m’ame Fortier ! lui dit-il. Est-ce que vous êtes malade ?

– Mais non, monsieur David.

– Est-ce que vous resterez dans le pays, m’ame Fortier ?

– Je n’en sais rien encore, monsieur David… répondit sèchement Jeanne qu’importunaient ces questions.

– Je pense que le patron ne vous laisse point partir