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Amanda, baissant sur sa figure la voilette épaisse de son chapeau, se dirigea vers le Rendez-vous des boulangers.

Elle jeta un coup d’œil dans la boutique. On voyait au fond, par la porte ouverte, une vaste salle au milieu de laquelle se dressait une table de dimensions tout à fait inusitées… Au fond, près d’un fourneau, l’homme en qui l’essayeuse reconnaissait le baron de Reiss. Amanda entra résolument et demanda au marchand de vin :

« Avez-vous un cabinet, monsieur ?

– Oui, madame ; un cabinet tout frais, en voilà la porte.

– Veuillez me le donner, reprit Amanda, et me faire servir une tranche de viande, chaude ou froide. »

Amanda se glissa dans le cabinet.

« D’ici, je ne le perdrai pas de vue, se disait-elle en soulevant un coin du rideau ; je le verrai sortir ; je le suivrai… »

En ce moment, le bruit d’une conversation dans la salle arriva jusqu’à la jeune femme par le vasistas entrouvert.

« Voyons, voyons, mon petit Bourguignon, disait la maîtresse du lieu, qu’est-ce que vous voulez pour déjeuner ?

– Comme d’habitude, la maman… Une soupe ! mais pas trop forte pour que je puisse faire honneur au banquet !

– Vous avez promis qu’on rirait.

– J’ai promis, je tiendrai… Où vais-je me mettre ?

– Au fond de la salle. On a réservé des tables pour les clients. »

Ovide se dirigea vers une des petites tables placées près de la cloison séparant la grande salle du cabinet. Si Amanda avait douté que l’homme fût positivement l’ex-baron de Reiss, le son de sa voix lui eût enlevé ses doutes. Marianne plaça devant Ovide un bol rempli de soupe aux choux.

« Voilà toujours un commencement, fit-elle.

– Oui, dépêchez-vous, et je vous montrerai quelque chose. »