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– Malheureux ! s’écria l’artiste. Mais c’est un crime prévu et puni par la loi que vous méditez là.

– Un tel misérable me paraît hors la loi ! Quoi qu’il en puisse résulter, d’ailleurs, je me risquerai.

– Puisque votre résolution est prise irrévocablement, je ne la combattrai pas. Où comptez-vous adresser la dépêche destinée à Paul Harmant ? À Courbevoie ? Rue Murillo ?

– Cela est plus embarrassant. Ne l’ayant point épié ce matin, j’ignore s’il est allé à l’usine.

– Nous allons le savoir. Je vais me rendre rue Murillo et demander Paul Harmant. Ma visite semblera toute naturelle… Vous m’attendrez dans un café du boulevard Malesherbes. J’irai vous y rejoindre…

– Partons alors…

– Un mot encore, fit Étienne en tirant de son portefeuille un papier à en-tête ministériel et en le tendant au jeune homme. Lisez ceci… Vous voyez que je me suis occupé de vous. Vous n’avez rien à craindre, pour le moment. »

Les deux hommes quittèrent la maison de la rue des Dames et prirent une voiture. À l’entrée de la rue Murillo, Duchemin descendit, puis la voiture roula de nouveau vers l’hôtel. L’artiste sonna.

« M. Paul Harmant est-il chez lui ? demanda-t-il au concierge.

– Non, mais mademoiselle recevra certainement monsieur. »

Deux minutes plus tard, Étienne était introduit près de Mary. La jeune fille était d’une pâleur mortelle. Étienne Castel, en la voyant, éprouva une pitié profonde.

« Quel bon vent vous amène, cher grand artiste ? demanda Mary avec un sourire sur ses lèvres blanches. Mon père est à l’usine. Aviez-vous quelque chose de pressé à lui dire ?

– Je voulais lui demander l’autorisation de visiter ses ateliers. Je vais aller à Courbevoie.

– Travaillez-vous à mon portrait ?

– J’ai dû interrompre mon travail, car je suis allé à Dijon…