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« Vous êtes du banquet ? demanda le Tourangeau. Vous nous chanterez des gaudrioles.

– Faudrait faire chanter maman Lison, s’écria Marianne, qui allait et venait en desservant, mais ce ne sera point facile. Maman Lison est triste comme son bonnet de nuit…

– Bah ! fit Ovide d’un ton jovial, je me chargerai bien de la dérider ; je lui dirai le mot pour rire. »

* * *

Le lendemain du jour où s’étaient rencontrés Duchemin et Amanda, Étienne Castel chez lui travaillait. Le jour approchait où Georges aurait vingt-cinq ans accomplis ; l’ex-tuteur du jeune homme voulait lui envoyer ce jour-là le tableau qu’il lui destinait. En même temps que le tableau, Étienne Castel, obéissant aux dernières volontés du bon curé de Chevry, remettrait à Georges la lettre que le prêtre lui avait confiée. Il aurait bien voulu être à même de lui dire en même temps :

« Je connais le véritable assassin de Jules Labroue. »

Mais il ne pouvait encore s’écrier, preuves en main :

« Cet assassin, le voilà. J’arrache son masque. Ce n’est pas Paul Harmant, c’est Jacques Garaud ! »

Donc il devait s’abstenir jusqu’au jour où Ovide Soliveau lui fournirait la preuve si ardemment souhaitée.

Or, le mardi et le mercredi s’écoulèrent sans que Raoul Duchemin eût donné de ses nouvelles. Le soir, il se rendit rue des Dames et laissa sur une de ses cartes ce mot :

« Je serai chez vous demain jeudi à dix heures du matin. Attendez-moi, il est indispensable que je vous parle. »

Amanda et Raoul ne rentrèrent que vers minuit. Amanda eût bien désiré se trouver présente à la visite annoncée par l’artiste, mais elle ne pouvait pas, sa patronne l’ayant chargée d’aller chez une cliente.

Elle quitta la rue des Dames le lendemain matin.

Dès le matin Ovide Soliveau, lui aussi, avait quitté sa