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Marianne rougit jusqu’aux oreilles, balbutia quelques mots de remerciement et empocha l’écu.

« Ah ! ça, mais, s’écria-t-elle tout à coup, puisque vous êtes de la boulange, vous en serez du banquet ?

– De quel banquet, ma fille ? » fit Ovide, feignant de ne pas savoir ce que la servante voulait dire.

Ce fut la patronne qui répondit :

« Un dîner par souscription que l’on offre à une brave porteuse de pain. Nous l’aimons tous ici.

– Mais je le crois bien que j’en serai ! Combien par tête ?

– Six francs.

– Les voici.

– Quel nom ? demanda la patronne.

– Pierre Lebrun.

– C’est écrit. Maintenant, bonsoir, compagnon. »

Ovide retourna chez lui.

Le lendemain matin, il se rendit de bonne heure au Rendez-vous des Boulangers, où on lui servit son premier repas. Le Tourangeau et le Lyonnais, en costume de travail, vinrent manger la soupe et boire le vin blanc. En voyant Ovide, ils accoururent lui serrer les mains et s’attablèrent à côté de lui.

Séance tenante, celui-ci fit monter six bouteilles et invita plusieurs compagnons. Tout à coup, Jeanne Fortier entra.

« Par ici, maman Lison, lui cria le Lyonnais. On vous offre un verre de chablis. »

Ovide ne sourcilla point, mais il ajouta :

« Arrivez, arrivez, la mère, et soyez la bienvenue. »

La porteuse s’était approchée. Elle regarda le Dijonnais.

« Je ne vous connais pas, dit-elle.

– C’est un nouveau compagnon, un bon garçon qui paie sa bienvenue », répliqua le Lyonnais.

Soliveau remplit les verres. Jeanne Fortier heurta le sien contre celui du misérable. La pauvre femme prit ensuite une tasse de café au lait, tendit la main à Ovide et se retira.