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ouvriers boulangers et coiffé d’un chapeau mou de feutre gris.

Il se fit conduire au Rendez-vous des boulangers.

La servante Marianne s’approcha de lui et, voyant une figure inconnue, demanda curieusement :

« Est-ce que vous êtes de la boulange, vous, monsieur ?

– Oui, ma fille, répondit Ovide.

– Pas du quartier, toujours, reprit la servante.

– Pour le moment, non, mais je l’ai habité autrefois. Je connais votre maison depuis des années, et comme j’arrive de Dijon afin de me placer à Paris, j’ai eu l’idée d’y venir dîner. »

Le Tourangeau et le Lyonnais prenaient leur repas à une petite table voisine de la table de Soliveau.

« Ah ! vous venez de Dijon, compagnon ? lui dit le Lyonnais.

– Oui, compagnon.

– J’y ai travaillé. Où étiez-vous embauché ? »

Ovide cita le nom d’un boulanger de Dijon.

« Je le connais, fit le Lyonnais, c’est un brave garçon. Alors vous venez pour trouver du travail ici ?

– Je viens de faire un héritage. Le magot n’est pas bien lourd, mais il me permettra de ne point me fourrer n’importe où… Est-ce qu’on peut prendre pension ici ?

– Mais bien sûr, répondit la servante.

– En attendant, apportez-moi donc une jolie bouteille de bourgogne, quelque chose de fin. Les camarades que voilà ne refuseront point de trinquer avec moi. »

Marianne apporta une bouteille de vin de Beaune, qui fut bientôt suivie d’une seconde. Peu après, le Tourangeau et le Lyonnais se retirèrent.

Ovide acheva lentement son dîner. Il s’arrangea avec la patronne, paya la moitié de sa pension d’avance, trinqua avec elle, puis, appelant la bonne, lui tendit un louis pour payer les bouteilles et son dîner. La servante rendit à Ovide deux pièces de cinq francs et de la menue monnaie. Le Dijonnais mit une des pièces dans la main de la fille en lui disant :

« Voici pour vous, ma fille. »