Paul Harmant, cela saute aux yeux. Mais il faut avoir dans les mains de quoi écraser les deux misérables ! Je puis disposer de vous, monsieur Duchemin ?
– D’une façon absolue, oui, monsieur.
– Eh bien, continuez à surveiller Paul Harmant. Lorsque vous saurez où demeure Ovide Soliveau, je vous dirai ce qu’il faudra faire. »
L’essayeuse intervint.
« Ne connaissez-vous donc pas Paul Harmant ?
– Je le connais. Je vais chez lui; il est venu chez moi…
– Ne pourriez-vous alors agir de votre côté ?
– Non, car un mot maladroit, une démarche imprudente lui donneraient l’éveil. La chasse que M. Duchemin a donnée hier à lui et à Soliveau a dû leur mettre déjà la puce à l’oreille. Si ces hommes méditent un nouveau crime, il faut que nous puissions les empêcher de l’accomplir. »
En disant ce qui précède, Étienne pensait à Jeanne Fortier. Puis il se tourna vers Raoul:
« Avez-vous besoin d’argent ?
– J’ai quelques économies, interrompit Melle Amanda, elles seront employées jusqu’au dernier sou à l’œuvre commune.
– Mon offre n’en subsiste pas moins; veuillez vous en souvenir au besoin. Voici ma carte. Où demeurez-vous ?
– Rue des Dames, no 28, répondit l’essayeuse.
– Dès que vous aurez des nouvelles, prévenez-moi.
– Je n’y manquerai pas. »
Étienne se leva, en ajoutant :
« M. Duchemin, comptez sur ma promesse. Aucune poursuite n’aura lieu contre vous. »
L’artiste, en montant dans le compartiment du train qui devait le ramener à Paris, murmurait :
« La réhabilitation de Jeanne Fortier, la mère de Georges, ne se fera pas longtemps attendre, désormais !… »