– Vous le cherchiez donc ? Dans quel dessein ?
– Dans le dessein de lui arracher les papiers qui nous compromettent, madame et moi, répondit Raoul à son tour. Hier, je le suivais, je croyais le tenir:il m’a échappé. »
Et Duchemin raconta sa mésaventure de la veille.
« Ainsi, s’écria l’artiste, ce personnage insaisissable allait chez Paul Harmant.
– Oui, monsieur.
– Et c’est pour lui qu’il a exigé la remise de l’acte enlevé aux archives de Joigny, ajouta Melle Amanda ; c’est pour son compte qu’il a voulu tuer Lucie…
– Tuer Lucie ! s’écria Étienne stupéfait. Que dites-vous ?
– La vérité.
– Vous avez des preuves de cela ?
– Eh ! monsieur, si j’avais des preuves matérielles, je ne craindrais rien et je pourrais me venger… Il a voulu m’assassiner aussi, moi, sachant que je soupçonnais son crime. Cet homme ne se nomme pas le baron de Reiss; il se nomme Ovide Soliveau.
– Ovide Soliveau ! répéta l’artiste. Le cousin de Paul Harmant, ou plutôt de celui qui se fait appeler ainsi, car l’industriel est Jacques Garaud, cette fois je n’en démordrai pas ! »
Après un silence, Étienne Castel, s’adressant à Melle Amanda, reprit:
« Voulez-vous me dire ce que vous savez de cet homme ?
– Oui, si vous me faites la promesse de nous aider dans notre vengeance, répliqua l’essayeuse.
– Comptez sur moi, puisque nos intérêts sont les mêmes.
– Et il n’arrivera rien à Raoul ?
– Si les poursuites sont commencées, je les arrêterai dès demain. »
Et la jeune femme commença le récit de sa liaison, détaillant ce qu’elle avait vu, entendu, soupçonné.
« Vous aviez raison, dit Étienne, cet homme est bien le meurtrier de Lucie, et il agissait pour le compte de