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« Ne restons point ici, je t’en prie, dit Mme Bertin. Nous le réveillerions et c’est ce qu’il ne faut pas. »

Le frère et la sœur descendirent au rez-de-chaussée.

« As-tu besoin de quelque chose ? demanda la bonne dame.

– De rien, absolument.

– Eh bien, alors, va te reposer. Tu sais que ta chambre est toujours prête. Demain, ou plutôt ce matin, nous causerons. »

Le lendemain matin, le docteur constata du premier coup d’œil l’état satisfaisant de l’enfant. Rassuré d’une façon complète, l’ingénieur manifesta son intention de partir dans l’après-midi.

« Je prendrai ce soir l’express de Paris, dit-il à sa sœur. Je serai à neuf heures à Paris, et à Alfortville une heure et demi après.

– Eh bien, demanda Mme Bertin, as-tu du nouveau dans ton usine ? Es-tu satisfait ? »

M. Labroue eut un sourire aux lèvres.

« Si je suis satisfait ? Je suis en train de m’enrichir.

– Une nouvelle invention, sans doute ?

– Oui, une trouvaille qui aura mis, d’ici à quatre ans, deux ou trois millions dans ma caisse.

– Ne t’illusionnes-tu pas un peu ?

– L’illusion est impossible. Il s’agit d’une machine à guillocher non seulement les surfaces planes mais encore les contours. Les Américains me paieront cette machine ce que je voudrais…

– À moins que quelqu’un n’arrive avant toi ! Qu’une indiscrétion soit commise… et on vole ton idée.

– Sois sans crainte, je fais beaucoup moi-même, et je suis bien secondé par ceux qui m’entourent. Je crois t’avoir déjà parlé de mon contremaître Jacques Garaud. Il est intelligent, actif, et je trouve sa collaboration si précieuse que je vais l’associer aux bénéfices que donnera la machine à guillocher…

– Tu lui as confié le secret de ton invention ?

– Il le fallait bien. D’ailleurs je connais l’homme…

– Tant mieux. Et cette pauvre femme, cette jeune mère de famille dont le mari a été tué par une explo-