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tait au village où elle vivait d’une façon fort modeste depuis la mort de son mari. Ce village, nommé Saint-Gervais, se trouvait sur la route de Bracieux, à trois kilomètres de Blois.

M. Labroue traversa le pont et s’engagea sur la route de Saint-Gervais. Il était haletant. La dépêche expédiée par Mme Bertin remplissait son cœur paternel de douloureuses angoisses.

Le village de Saint-Gervais, bâti sur le flanc d’un coteau, lui apparut bientôt. Il était une heure du matin. La cloche qu’il agita résonna d’une façon bruyante. L’ingénieur attendit.

Au bout de quelques secondes une fenêtre s’ouvrit.

« Qui est là ? demanda une voix de femme.

– Moi, chère sœur… répondit M. Labroue. Comment va Lucien ?

– Dieu soit béni. Tout danger a disparu… répliqua Mme Bertin. Attends ! je vais t’ouvrir. »

La porte de la cour tourna sur ses gonds. Le frère et la sœur tombèrent dans les bras l’un de l’autre.

« Ta dépêche m’a fait du mal ! s’écria M. Labroue en franchissant le seuil de la maison.

– Eh ! j’ai eu bien peur moi-même ! répondit Mme Bertin. Le médecin redoutait une angine couenneuse…

– Pauvre mignon !… C’est presque toujours mortel.

– C’est pour cela que mon épouvante était si grande, mais le médecin a déclaré ce soir que tout péril avait disparu. Lucien a encore la fièvre, mais il va beaucoup mieux.

– Je voudrais le voir.

– Viens… il est dans ma chambre… »

M. Labroue gravit derrière sa sœur l’escalier accédant à la chambre où Lucien reposait dans son petit lit de fer. Le visage de l’enfant était pourpre ; de grosses gouttes de sueur collaient à ses tempes les boucles de ses cheveux blonds. M. Labroue le contempla pendant quelques secondes.

« Pauvre cher mignon !… » répéta-t-il.

Et il effleura de ses lèvres le front de l’enfant.