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deux minutes hors de vue. Puis elle reparut et se remit à pousser son panier. Un jeune garçon de quinze ans environ, un véritable gamin de Paris, marchait devant elle en sifflotant.

Le jeune garçon et la porteuse de pain n’étaient plus qu’à un pas de l’échafaudage. Ovide allongea le bras, et d’un coup de couteau trancha la ficelle qui retenait les deux cordes. Alors un bruit effrayant se fit entendre. Une clameur s’éleva, puis un craquement sinistre. Ovide s’élança hors de l’appartement et descendit l’escalier comme une avalanche.

L’échafaudage venait de s’abattre sur le trottoir, broyant le jeune homme qui marchait devant Jeanne. Celle-ci était étendue un peu en arrière, évanouie, le visage couvert de sang, mais vivante. Le chariot d’osier rempli de pain qu’elle poussait venait de la sauver. L’échafaudage ayant rencontré ce chariot dans sa chute, laissait un vide entre son plancher et le trottoir, et s’appuyait par une de ses extrémités sur le panier roulant, écrasé à demi. En entendant le sifflement des cordes, Jeanne avait levé la tête, et, comprenant le péril, s’était jetée à la renverse.

La blessure de son front provenait d’un éclat de bois. Cette blessure, et surtout l’épouvante, avaient déterminé son évanouissement.

Malgré l’heure matinale, il y eut bientôt foule sur le théâtre du sinistre. Ovide se faufila comme un reptile, vit l’enfant écrasé et Jeanne dont le pâle visage disparaissait sous un masque de sang. Peu lui importait le reste. Et il regagna sa demeure au pas de course.

Des sergents de ville venaient d’arriver, et l’un d’eux courait chercher le commissaire. Questionnée par le commissaire, elle répondit qu’elle ne savait rien. Elle était à cent lieues de croire qu’on avait voulu attenter à sa vie. Comme on le pense bien, elle arriva fort en retard au quai Bourbon.

Jeanne monta près de Lucie. En apercevant maman