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« Vous devez vous tromper, monsieur, dit-elle, il n’y a personne dans la maison.

– Je le sais bien, je viens pour inspecter les travaux.

– Est-ce que vous êtes un commis de l’architecte ?

– Son toiseur-vérificateur, ma bonne dame.

– Je vous préviens que les ouvriers sont à déjeuner.

– Je viens exprès pendant leur absence, afin d’inspecter plus à mon aise. »

Et Ovide se remit à gravir les marches, et monta directement à l’étage où l’échafaudage avait ses attaches. Les cordes étaient passées sous les barres de fer servant d’appui et nouées solidement. Seules les cordes de rappel, glissant sur les poulies, se trouvaient fixées un peu à la légère.

De ce premier examen, il passa à celui de l’appartement. Toutes les clefs étaient sur les portes. Dans une chambre du quatrième étage, Il remarqua une alcôve fermée. Là, les peintures étaient terminées, les papiers collés, les planchers lavés. Les ouvriers n’avaient plus de travail à faire.

Rentré chez lui, il tira d’un paquet un costume complet de peintre en bâtiment dont il s’affubla et, vers cinq heures, il reprit le chemin de la rue Gît-le-Cœur. Après avoir dîné dans une crémerie des environs, il revint, ayant l’air de flâner, mais en réalité surveillant la sortie des peintres. À sept heures précises l’échafaudage se dégarnit et les ouvriers quittèrent la maison. Rapidement, Ovide traversa la rue, s’engouffra dans l’immeuble sans que la concierge fît même attention à lui, et grimpa au quatrième étage. Il franchit le seuil de la chambre où il avait remarqué une alcôve fermée, et se blottit au fond de cette alcôve, en se disant :

« Me voici au cœur de la place ! »

* * *

Étienne Castel avait couché à Joigny. Le lendemain, l’artiste se rendit au domicile particulier du maire.

« Si je me permets de vous déranger, monsieur, lui dit l’ex-tuteur de Georges Darier, c’est que j’attache une très