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L’huissier sortit.

« Vous aurez besoin, probablement, de renseignements plus détaillés que celui du casier judiciaire ? reprit le préfet.

– C’est cela, en effet, monsieur.

– Eh bien, j’ai sous la main la seule personne peut-être qui puisse vous les donner. C’est un vieil employé, doué d’une mémoire prodigieuse. Rien ne s’est passé à Dijon, depuis plus de cinquante ans, qu’il n’ait su et dont il ne se souvienne. »

Le préfet sonna de nouveau et dit au garçon de bureau :

« Envoyez-moi M. Rouget. »

Un instant après, le vieil employé entrait dans le cabinet.

« Monsieur Rouget, fit le préfet, je voudrais avoir de vous des renseignements sur un nommé Paul Harmant. »

Rouget consulta sa mémoire, puis il dit sans hésiter :

« Paul Harmant, si je ne me trompe, est né à Dijon en 1832. Sa mère était une Soliveau. Couturière, je crois ?

– C’est cela.

– Son père et sa mère sont morts à peu de distance l’un de l’autre. Sa mère la dernière, il y a vingt-quatre ans environ. Paul Harmant était fils unique. Ses parents le mirent à l’école de Châlons, d’où il sortit dans un bon rang. C’était un franc Bourguignon, la tête seulement un peu près du bonnet… Il partit à l’étranger.

– Où il est mort, n’est-ce pas ?

– Du tout, monsieur, du tout ! Il a fait fortune en devenant l’associé d’un grand industriel américain à New York. Ce sont les journaux qui m’ont appris cela. Dans ce moment il est à Paris où il a créé, paraît-il, une usine merveilleuse.

– Vous êtes certain que Paul Harmant de Paris est bien celui que vous avez connu ?

– Parfaitement certain, puisqu’il était le seul de son nom.

– N’avait-il point de famille à Dijon, ou ailleurs ?