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« M’ame Perrin, c’est bien elle », murmura-t-il…

Et au lieu d’attendre Jeanne Fortier, Ovide suivit les deux femmes, tout en enlevant sa blouse qu’il fourra dans son sac et pénétra chez le marchand de vin à son tour.

Le patron trônait au comptoir de la salle d’entrée, où se trouvait un cabinet prenant jour sur la grande salle par vitrage. De petits rideaux, jadis blancs, fermaient à demi ce vitrage dans lequel s’ouvrait un vasistas. Ovide fit servir sur le comptoir un verre de vin blanc qu’il but debout. Jeanne arriva et passa derrière lui pour pénétrer dans la grande salle. Dès qu’elle parut, elle fut entourée.

« Bonjour, maman Lison », disaient les uns.

– Bonjour, m’ame Perrin », disaient les autres. Jeanne Fortier était fort aimée, nous le savons, et Ovide put le constater en voyant la façon dont tout le monde l’accueillait. Il reprit son sac, son crochet, et retourna chiffonner dans les alentours de la boutique du boulanger Lebret. Jeanne commença sa tournée en remontant jusqu’à la rue Saint-André-des-Arts, distribuant du pain de maison en maison, et allégeant petit à petit sa voiture d’osier. Successivement elle passa dans toutes les rues qui se greffaient sur la rue Saint-André-des-Arts, rue Séguier, rue Gît-le-Cœur, puis elle desservit la place Saint-Michel, le quai Saint-Michel, les rues adjacentes, la place Maubert, et enfin l’île Saint-Louis. À huit heures et demie elle avait terminé et s’arrêtait en face de sa demeure. Ovide ne l’avait pas perdue un seul instant de vue.

« Voici sa dernière station, se dit-il, quand elle fut arrivée au quai Bourbon. Maintenant il faut baser mon plan sur l’itinéraire qu’elle a suivi et qu’elle doit suivre tous les jours. C’est au cours de ce trajet que se produira l’accident. »