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– Pas possible !

– Cependant c’est vrai. Je me suis rencontré avec cette femme chez mon avocat Georges Darier !

– Elle t’a reconnu ? balbutia Soliveau tout pâle.

– Heureusement non, mais sa seule présence à Paris constitue le plus grand danger. Peut-être me reconnaîtra-t-elle un jour, et tu vois d’ici quel écroulement…

– Mais, du moment que Jeanne Fortier ne t’a point reconnu, tout péril est passé… Parole d’honneur, tu me fais de la peine ! Allons, allons, ne t’emballe pas, et compte sur moi. Jeanne Fortier est à Paris, tu en es sûr puisque tu l’as vue… Elle a changé de nom, bien entendu ?

– Elle se fait appeler Lise Perrin.

– Où demeure-t-elle ?

– Je l’ignore, mais on peut la trouver chez sa fille Lucie…

– Quel métier a-t-elle pris ?

– Celui de porteuse de pain.

– Eh bien, demain Jeanne Fortier ne te gênera plus.

– Que vas-tu faire ?

– Moi, rien du tout, mais tu vas écrire à M. le procureur de la République que la nommée Jeanne Fortier, évadée de la prison de Clermont, se balade à Paris sous le nom de Lise Perrin, et qu’on est certain de la trouver ou de trouver sa piste chez sa fille Lucie, quai Bourbon, numéro 9. Tu seras libre de ne pas signer.

– C’est impossible ! Je n’écrirai point cela ; on ne manquerait pas de m’attribuer l’arrestation de Jeanne.

– Qui donc ?

– Georges Darier. Je voulais la faire arrêter chez lui ; mais il la protège, et il s’est interposé entre elle et moi. »

Et il raconta ce que nos lecteurs connaissent déjà.

« Tu dois comprendre maintenant, poursuivit le millionnaire, que l’on ne peut opérer ainsi, sous peine de grave imprudence. Des soupçons naîtraient à coup sûr dans l’esprit de Georges. Déjà Lucien Labroue croit à l’innocence de Jeanne Fortier ; il doute de la mort de Jacques Garaud. L’avocat Georges Darier est du même