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le patron… elle voulait se venger en lui faisant du mal… »

M. Labroue continua :

« Préparez-moi, je vous prie, une valise contenant un peu de linge. Joignez-y un pardessus et une couverture. »

Mme Fortier sortit du cabinet. En la voyant s’éloigner, l’ingénieur dit au caissier et au contremaître :

« Elle m’en veut beaucoup, la pauvre créature… Elle ne comprend pas que le poste occupé par elle ici n’est nullement son affaire… Je sais bien que j’ai été un peu cassant, un peu brutal même… Je lui ferai oublier cela… Je vais m’occuper d’elle… »

M. Labroue donna ensuite ses dernières instructions à Ricoux et à Jacques.

Cinq minutes plus tard, la voiture se dirigeait vers la gare d’Orléans, emportant l’ingénieur. Jeanne, le contremaître et le caissier assistaient à son départ.

« Je vous recommande de fermer les portes avec soin, madame Fortier, dit le caissier. Mon avis est que le patron vous laisse légèrement une bien grosse responsabilité !

– Soyez sans inquiétude, monsieur, répondit Jeanne, ma surveillance ne sera point en défaut. »

À l’heure de la sortie, le contremaître vint apporter les feuilles de présence pour le lendemain.

« Bonsoir, Jeanne ! dit-il. Bonne nuit !… »

Il allait sortir. Cette fois, ce fut Mme Fortier qui l’arrêta.

« Que vouliez-vous me dire ce matin ? » demanda-t-elle.

Jacques tressaillit visiblement et répondit :

« Je voulais vous dire bien des choses…

– Eh bien, dites-les…

– Non… j’ai réfléchi… pas encore… je n’ose pas. Mais si je ne vous parle point, je vous écrirai, c’est plus facile. »

Jeanne trouva les paroles du contremaître non moins étranges que sa physionomie.

« Vous me faites presque peur ! murmura-t-elle.

– Ne me demandez rien… quant à présent du moins…