Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/414

Cette page n’a pas encore été corrigée

– Et vos recherches vous conduisent rue Murillo dans la maison du millionnaire ?

– Oui.

– Alors, c’est Paul Harmant que vous soupçonnez ?

– Je ne soupçonne personne encore.

– Allons, murmura Georges avec découragement, je n’insiste plus. Gardez votre secret, mon cher tuteur. La seule chose que je désire, c’est que vous puissiez sauver Lucie Fortier, qui pleure son rêve brisé, et qui mourra peut-être de désespoir en apprenant le mariage de Lucien. »

Le lendemain, dès le matin, le valet de chambre d’Étienne Castel remit au peintre une enveloppe que venait d’apporter un commissionnaire. Cette enveloppe contenait le procès-verbal donné à Soliveau par Raoul Duchemin.

« Pour obtenir cette pièce, se dit l’artiste, il a fallu fournir des dates et des noms précis, sans cela les recherches n’auraient pu se faire. Donc, Paul Harmant connaissait ces noms et ces dates, puisqu’il les a cités. Voilà qui devient grave pour lui. Il n’a point quitté Paris, donc il a envoyé quelqu’un à Joigny, et ce quelqu’un est certainement un complice à qui il ne cache rien. Voilà l’homme qu’il faut trouver… »

Étienne se rendit au ministère de l’Intérieur, et fit passer sa carte au secrétaire particulier du ministre, qui le connaissait beaucoup. Une demi-heure après, il sortait du cabinet et retourna rue d’Assas. Tout en déjeunant, il dit au valet de chambre :

« Prenez la plus petite de mes valises et mettez-y le strict nécessaire pour une absence de deux ou trois jours ; à quiconque viendra me demander, vous répondrez simplement que je suis sorti, à M. Georges Darier comme aux autres. »