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Fortier vient-il soudainement m’apparaître ? Ce peintre connaît Jeanne : il la connaît bien puisqu’il a tracé d’elle une image merveilleusement ressemblante. Cette femme dont Lucien a parlé, cette porteuse de pain, cette Lise Perrin dont la ressemblance avec Jeanne l’a frappé, si c’était Jeanne elle-même se cachant sous un faux nom ? Jeanne qui pourrait d’une heure à l’autre devenir menaçante ! »

En sortant de l’hôtel de la rue Murillo, Lucien Labroue appuya sa main sur le bras d’Étienne Castel.

« Ah ! monsieur, qu’avez-vous fait ? lui demanda-t-il d’une voix agitée. Où m’avez-vous conduit ?…

– Soyez certain, mon cher enfant, que j’agis exclusivement dans notre intérêt ; ayez confiance. Laissez-vous conduire, vous vous en trouverez bien… Ah ! n’oubliez pas de m’apporter ou de m’envoyer dès demain la pièce que je vous ai demandée… »

Étienne et Georges serrèrent la main de Lucien Labroue et le laissèrent rentrer chez lui.

« Ma foi, mon cher tuteur, dit l’avocat au peintre, j’avoue que moi-même je ne comprends rien à ce qui se passe. »

L’artiste eut un sourire.

« Ah ! fit-il. Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?

– Je vous ai entendu, chez vous, parler pour Lucien à Melle Harmant ; je vous ai vu près du millionnaire solliciter au nom de votre ami la main de sa fille… Voilà la première énigme. D’autre part, j’entends Lucien s’écrier d’un air désespéré : « Qu’avez-vous fait ? Où m’avez-vous conduit ? » Qu’est-ce que cela signifie ? Vous marchez à un but. Ne pouvez-vous m’apprendre quel est ce but, à moi, le meilleur ami de Lucien ?

– Je cherche l’assassin du père de ton ami, répondit l’artiste.

– Je continue à ne pas comprendre. Avez-vous donc la preuve que Jeanne Fortier n’était pas coupable ?…

– La preuve me manque encore, mais j’ai la conviction… Je cherche et je puis ne pas trouver ; mais, au moins, j’aurai fait tout ce qui dépendra de moi pour arriver à un résultat.