« Je devine alors ce dont il s’agit, fit-il en souriant. Nous sommes en famille, messieurs. Nous pouvons donc nous expliquer librement. Le but de votre visite, n’est-ce pas, ce sera de me demander pour Lucien Labroue la main de ma fille ? »
Étienne, par un nouveau geste, commanda au jeune homme de parler. Le fils de Jules Labroue balbutia :
« Oui, monsieur.
– Eh ! mes chers amis, la demande est acceptée, vous le savez bien, puisqu’elle l’était d’avance. »
La jeune fille se jeta sur la poitrine de son père et couvrit ses joues de baisers et de larmes :
« Voici ce que je propose, reprit l’industriel. Ces messieurs ont-ils quelque projet pour le reste de la journée ?
– Nous devons la passer ensemble, répondit Étienne Castel.
– Vous ne vous quitterez pas, et vous nous ferez le grand plaisir de venir dîner avec nous, tous les trois, rue Murillo. »
La proposition rendait singulièrement facile la mise à exécution des plans de l’artiste. Aussi, s’empressa-t-il de répondre :
« Au nom de mes amis et au mien, j’accepte.
– Alors, moi je vous laisse, s’écria vivement Mary, ivre de joie. J’ai beaucoup d’ordres à donner… »
Étienne Castel la reconduisit jusqu’à la porte. Paul Harmant s’était avancé vers Lucien Labroue.
« Mon cher enfant, lui dit-il d’une voix que l’émotion rendait tremblante, vous faites de moi le plus heureux des hommes et surtout des pères ! Voyez-vous, messieurs, ajouta l’industriel, je chéris mon enfant plus que tout au monde. Elle aimait Lucien à en mourir ! J’attendais que Lucien eût pitié d’elle. Je ne souhaiterais pas à mon plus mortel ennemi de souffrir ce que j’ai souffert ! Mais, aujourd’hui, je me sens revivre… Merci ! »
Georges Darier avait pitié de ce père rattachant la vie de son enfant à cette union qui semblait peser à Lucien. Étienne Castel, très calme, regardant Paul Harmant :
« Est-il vraisemblable, est-il admissible que ce père