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Le dimanche matin où Melle Amanda Régamy se rendait à Bois-le-Roi, Lucien Labroue prenait le chemin de la rue d’Assas. Le peintre Étienne Castel avait écrit la veille un mot au fils de Jules Labroue pour l’engager à venir passer la journée avec lui en compagnie de Georges Darier, revenu la veille de Tours. Lucien arriva le premier chez l’artiste, qui lui dit :

« En attendant notre ami Georges, causons un peu de vous. J’ai fait ce que vous m’aviez demandé de faire au sujet de Jeanne Fortier ; il résulte des renseignements puisés à bonne source que Jeanne Fortier est introuvable !

– Ainsi, murmura Lucien, il ne me reste aucune espérance de pouvoir interroger cette femme…

– Et chez M. Paul Harmant, comment vont les choses ? Ne vous êtes-vous point rapproché de Melle Mary ?

– À quoi bon ce rapprochement ?

– Peut-être vous serait-il plus utile que vous ne le croyez, dit Étienne Castel d’un ton grave. Je crois qu’il serait bon pour vous de laisser croire à M. Harmant que vous êtes prêt à épouser sa fille, et surtout de persuader Melle Mary que votre cœur, libre désormais, pourra lui appartenir un jour sans partage.

– Mais cette malheureuse enfant se meurt !

– Raison de plus pour la laisser mourir avec l’illusion du bonheur. Dans certaines circonstances il faut savoir mentir…

– Mais pourquoi le faut-il en celle-ci ? demanda Lucien. Vous paraissez connaître beaucoup de choses que j’ignore. Vous devez avoir de sérieuses raisons pour m’engager à jouer à M. Harmant et à sa fille une comédie qui me répugne.

– Monsieur Lucien, vous vous trompez en croyant que je connais beaucoup de choses ignorées de vous. Mais il y a dans la vie des pressentiments qui m’avertissent qu’avant peu nous connaîtrons le meurtrier de votre père, et que c’est par M. Paul Harmant que se fera la lumière au milieu des ténèbres. De même aussi j’ai le