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te dire la vérité ; nous sommes tous deux les complices de cet homme, ce qui pourrait nous mener loin. Il importe de nous dégager. »

Amanda Régamy raconta au jeune homme ce que nos lecteurs connaissent déjà. Raoul l’écouta avec attention.

« Il est certain, dit-il ensuite, que le gredin s’est servi fort adroitement de toi pour la réussite de ses projets. Il est non moins évident que son intérêt à cette heure est de rester dans l’ombre. Comment le retrouver ? Où le chercher ?

– Ovide Soliveau connaît à Paris un gros industriel qui a une usine à Courbevoie. Ils se fréquentent et, en guettant autour de la maison et de l’usine de Paul Harmant, on y verra d’un jour à l’autre entrer le faux baron de Reiss. Nous attendrons ta guérison.

– Te verrai-je demain ?

– Oui. Je viendrai te dire adieu. Te faut-il de l’argent ? La compagnie m’a fait offrir ce matin une somme de cinq mille francs à titre de transaction amiable. Cette somme me sera payée d’ici quelques jours. »

Le lendemain matin, de bonne heure, Duchemin reçut la visite d’Amanda qui lui apportait son adresse chez sa patronne, et qui, après lui avoir fait jurer de nouveau un traité d’alliance offensive et défensive, partit pour Paris.

L’histoire de Lucie Fortier et de Melle Mary Harmant s’était ébruitée. Amanda sut donc bien vite que Lucie, fille d’une femme condamnée à la réclusion, avait été congédiée, et que Melle Harmant, rivale triomphante de Lucie, allait épouser l’homme qu’elles aimaient toutes les deux.

Melle Amanda devinait, au milieu de tout cela, un fort gros mystère, ayant trait aux relations passées et présentes du faux baron et de l’industriel dix fois millionnaire, et ce mystère elle voulait le percer à jour. Le dimanche suivant, dès le matin, elle prit le train de Bois-le-Roi. Ces quelques jours avaient fait faire de grands progrès à la convalescence de Raoul Duchemin et ce fut debout qu’il reçut la visite de son ancienne maîtresse.

Amanda lui raconta par le menu ce qu’elle avait appris